Au Moyen âge (Ve-XVe siècle) Nontron est une ville frontière située entre le Périgord, l’Angoumois et le Limousin. A partir du IXe Siècle Son château-fort assure la surveillance et la protection du sud-ouest de la Vicomté de Limoges. Cette forteresse, déjà présente sous l’ère gallo-romaine, est constituée d’un château fort accolé au XIIe siècle à une église d’architecture romane. Une seconde partie de la ville est fortifiée formant deux enceintes distinctes entourées de fossés.
Deux cours d’eau circulent de part et d’autre de ces fortifications. D’un coté le Bandiat et de l’autre le ruisseau « Rieu Merdansson » (au nom évocateur ...) qui coule à ciel ouvert. Un système de barrages permet de maintenir l’eau dans les fossés pour protéger la forteresse des invasions. Ce ruisseau se déverse dans le Bandiat au faubourg Magnac.
Il sera canalisé dans un tunnel sous les basses rues au XIVème siècle, permettant l’expansion urbaine au pied des remparts.
La ville va souffrir de nombreux conflits, assiégée, incendiée et délivrée plusieurs fois jusqu’au XVIe Siècle. Les fortifications devront être renforcées par la construction de murailles, tours carrées et rondes. le bastion surplombe la rivière (Photo de couverture), le donjon d’une dizaine de mètres de diamètre domine le château-fort. le pont levis s’abaisse sur le fossé séparant les deux enceintes.
Ce fossé est toujours visible de nos jours, au pied de la tour ronde avenue du Général Leclerc. Le pont en pierre est construit par dessus en 1854, un trésor monétaire est découvert à cette occasion.Les défenses sont complétées par les ruelles étroites du quartier disparu du Bragier situé à flanc de colline coté Bandiat. Les fondations de ce quartier forme les terrasses actuelles. Des souterrains permettent le passage entre les deux enceintes et débouchent à l’extérieur. Les coteaux d’Azat et des Pouyaloux ( Puy aux loups) faisant face à la forteresse, serviront de campement aux assaillants. En 1569, Coligny cantonne son armée sur cette crête.
.Dessin à la plume de Jules De Verneilh d'après la lithographie de M. Delanoue et carte postale du même endroit au debut du XXéme siècle
La seconde enceinte est nommée quartier du fort, aujourd’hui place des mobiles. Elle est protégée par un large fossé avant la rue du Petit puy de Bayet. Ce fossé, maintenant comblé, n’est plus visible. Il coupe la place de façon rectiligne depuis l’angle nord du château actuel jusqu’aux basses rues sous le Canton. Cette enceinte abrite une seconde fortification Le château des peytavis probablement construit au IXe siècle. Son architecture évolue au XVIIIe siècle pour obtenir sa forme définitive tel que nous la connaissons aujourd’hui. Lui faisant face, une maison fortifiée appelée « fort » donne son nom au quartier. Les rues sont fermées par des portes monumentales dans la partie la plus au nord de la ville. Nontron est aussi protégée par son accès difficile mais les voies romaines antiques sont toujours utilisées. Le réseau très étendu dessert toute l’Aquitaine, un axe Sud-Nord reliant Périgueux à Poitiers passe par Nontron.
Au XIXe Siècle ces fortifications subiront de profondes modifications. Un vaste chantier d’aménagement transforme le site. L’église Saint- Etienne n’est plus fréquentée à cause de son éloignement et de son accès difficile. Elle est finalement détruite à la poudre à canon. Le château fort est démantelé, les puits sont rebouchés et les escaliers menant à l’extérieur fermés. Le site sera réhabilité par une école dont la cour occupera l’emplacement du donjon.
Début 1900, les murs de soutènement sont consolidés et les créneaux rénovés. L’unique tour conservée sert à l’installation du premier poste électrique destiné à l’éclairage de la ville. L’école des jeunes filles est surélevée d’un étage. Maintenant fermée, elle à connu des générations de Nontronnaises.
Aujourd’hui le château du XVIIIe accueil des expositions. Une promenade dans son parc permet de rejoindre la Place Paul-Bert avec un arrêt sur son bastion et sa vue sur la vallée du Bandiat.
Carte postale du début du XXème siècle intitulée " le bastion du château " suivie d'une photographie prise au même endroit aujourd'hui.
Sources : Bulletin de la Société Historique et Archéologique du Périgord - Tome XII 1885 Essai topographique, historique et biographique sur l’arrondissement de Nontron - Commune de Nontron par R. de Laugardière 1885 |Bulletin de la Société Historique et Archéologique du Périgord - Tome XIII 1886 Causeries archéologiques - Château de Nontron par M. le Baron de Verneilh | La Guienne Historique et monumentale par A. Ducourneau - 1842 | La France pittoresque - Tome premier - Nontron par A. Hugo 1835 | Chroniques Nontronnaises - Du haut du clocher de Nontron par R. Bouet.