Les mines de plomb et de zinc argentifères de Nontron - Filon du Puy
La seconde moitié du 19ème siècle est marquée par une industrialisation massive du continent Européen. L’Angleterre déjà très en avance et l’Allemagne vainqueur du conflit Franco-Prussien de 1871 s’imposent sur les marchés mondiaux et mènent une guerre économique à la France depuis les traités de libre échange établis en 1860 suivis par l’émergence de pays tels que les États Unis et le Japon. La France surmonte les crises du second empire et relance son industrie, privée de ressources précieuses par l’annexion d’une partie du bassin Lorrain. Le besoin en matières premières est exponentiel, le transport ferroviaire et maritime est en plein essor, l’approvisionnement en charbon et en minerai se fait à la force des hommes.
C’est dans ce contexte que la Concession des mines de plomb argentifères de Nontron est exploitée à la fin du 19ème siècle. La veine de minerai formée il y a des millions d’années affleure la surface dans cette zone géographique particulière, à la limite du socle granitique qui annonce les contreforts du massif central et le sol calcaire de la vallée du Bandiat.
Des mines de Manganèse étaient déjà exploitées dans le Nontronnais et la présence de plomb connue depuis le 17ème siècle.
(Collection de minéraux des archives de la Mairie de Nontron)
(Collection de minéraux des archives de la Mairie de Nontron)
La Concession des Mines de plomb et zinc argentifères, étendue sur un millier d’hectares et sur cinq communes entre Nontron et Saint Pardoux, est composée de plusieurs filons; le filon du Cantonnier, le filon du Puy, le filon des Pins, filon du Ravin, filon du pré granger, le filon de Neuil sera le dernier exploité.
Le filon du Puy est le plus important et se situe sur la D707 qui relie Nontron à Saint Pardoux la rivière, au carrefour de la D85 (Route de Limoges) au lieu dit les mines avant le village du Puy.
L’inauguration a lieu en 1900 après plusieurs années d’études, la construction des infrastructures d’exploitation et l’émission de 1100 actions de 500 Francs. le site de cinq hectares comprend la maison de l’ingénieur et les bureaux, le puits principal nommé Puits Sainte Louise surmonté d’un chevalet, un bâtiment pour la machinerie, des puits de ventilation, une poudrière pour le stockage des explosifs.
Carte postale des mines du Puy (collection Mr Hervé Lapouge) suivi d'une photo prise au même endroit aujourd'hui.
Le minerai est extrait de la mine par une galerie horizontale (travers bancs) qui donne sur l’extérieur, il est acheminé par la voie romaine à une laverie, alimentée par un ruisseau et ses cressonnières. Le chevalet est en bois et l’ascenseur est entraîné par une machine à vapeur. Les câbles sont enroulés sur des tambours à travers les ouvertures particulières de la façade du bâtiment .
Sur le plan de coupe verticale daté 1902 le puits Sainte Louise à une profondeur de 70 mètres , il dessert 4 galeries principales, la première à 13 mètres, puis à 33 mètres, à 53 mètres et la dernière galerie à 70 mètres. Elles s’étendent vers l’Est sous la D707 sur plusieurs centaines de mètres et suivent les veines jusqu’à 110 mètres de profondeur. Une galerie de près d’un kilomètre revient vers le village du Puy.
Les bassins servant au nettoyage du minerai, la poudrière et le bâtiment de la machinerie avec ses ouvertures particulières.
L’extraction se fait à la force des pics, l’étaiement est en bois, les wagonnets sont poussés à la main, les tonnes de galéne sont tractés par des chevaux ou des bœufs vers la gare. Les mineurs sont recrutés dans les fermes alentours, ouvriers agricoles l’été et travaillant dans la mine l’hiver une fois les récoltes terminées. La mine a employé jusqu’à une soixantaine de personnes au plus fort de son exploitation après la guerre de 14.
Tous les filons sont encastrés dans les granits mais les veines sont massives. Un travail de scheidage (tri manuel) permet de préparer le minerai pour la vente. Il contient alors 75 pour cent de plomb et 400 grammes d’argent par tonne. Le prix de vente est de 200 Francs la tonne de galène.
Le minerai est acheminé jusqu’à la petite gare de Nègrecombe et chargé en direction des ports de Bordeaux, La Rochelle et Nantes pour les exportations ou vers l’usine de Couëron, de Marseille et les forges de Saint Chamond dans la Loire. Les différents composants sont fondus et séparés, l’argent métal et le Zinc pour leur valeur pécuniaire, le plomb pour l’industrie de l’armement et la confection de canalisations. De nombreux cristaux sont découverts tels que la Cérusite, la Crocoïte et la Nontronite.
(collection de minéraux des archives de la Mairie de Nontron)
Les filons s’épuisant et les galeries régulièrement inondées par des eaux de sources ont entraîné la faillite de la société en 1925. La concession est ensuite rachetée, change plusieurs fois de nom. Son exploitation devient irrégulière au cours du 20ème siècle, la dernière activité d’extraction aura lieu de 1976 à 1984 avec le filon de Neuil.
Nontron possède aussi ses filons. Un rapport d’ingénieur publié en 1917 fait mention de veines de galène dans le sous-sol de la ville avec le filon du champ de foire et le filon de la tour, avec un affleurement de 1 mètre sous la tour du transformateur d’éclairage de la ville ( Avenue du général Leclerc). Ils ne seront jamais exploités à cause de la proximité des habitations.
La Mairie de Nontron remercie Mr Dumont (propriétaire des mines du Puy) pour son chaleureux accueil et le prêt de sa documentation.
Plan de coupe verticale 1902